CARRÉS NOIRS

 

Noir et Noire

 

 

 

Inscrits dans le plâtre autour des objets sont les mots « Noir » et « Noire », le masculin et le féminin. L'œuvre de l'artiste Danielle Doucet suit deux chemins principaux, qui s'accompagnent, qui se croisent, se superposent : l'un des deux est le chemin conceptuel qui explore l'identité de l'artiste comme femme aussi bien que son histoire personnelle : son amour pour son pays de naissance – l'Afrique.

 

 

 

Des séries de tableaux abstraits ainsi que des sculptures de têtes africaines en terre cuite parlent de la passion et de la compassion de l'artiste pour le continent de l'enfance. Mais aussi des sujets entourant les complexes de la féminité, la maternité se manifestent dans l'œuvre : la danse, Carmen, mais aussi la douleur à l'égard des enfants-victimes dans un monde adulte, cruel. L'autre chemin a guidé l'artiste vers l'abstraction où les couleurs prédominent, ne sont plus liées à la description du monde visible, de la réalité, mais qui portent des émotions, des souvenances, même des souffrances. Dans le relief Noir ou Noire, ces recherches artistiques culminent. La couleur ou plutôt l'absence totale de la couleur par le noir qui dévore toute lumière, reflète, seule, un état d'esprit. Le noir est la tristesse, mais aussi une concentration énorme, peut-être un point d'arrivée : traversant les bleus de la mer et les oranges de l'Afrique, le noir constitue une entité, le tout et le rien. Couleur pleine de symbolismes, pleine d'associations.

 

 

 

Dans le cas de Danielle Doucet, le noir parle de l'Afrique aussi qui est présente dans cette œuvre par le masque. Les objets féminins que Danielle Doucet a intégré dans le bas relief sont les ingrédients de la séduction, les symboles de la femme même. Mais ils sont refroidis, sans vie. Les bouteilles de parfum sont remplies d'un liquide tout à fait noir, les bijoux, la rose, ne peuvent plus être portés. Ce sont les résidus d'une culture presque éteinte : le feu pourrait être allumé dans le charbon, l'eau pourrait le battre. Les éléments entourent cet univers féminin qui se trouve dans un étrange état de suspense entre la mort et la vie, que seule la femme est capable de créer. (Astrid Mania, Aix-la-Chapelle, 1998)